Mis à jour le 14 novembre 2025

Sarra Bourre : “Ecrire avec la voix ”

Dans le cadre du programme régional de résidences d’écrivains, Sara Bourre, écrivaine et comédienne, est accueillie jusqu’en février prochain à l’Espace Andrée Chedid, où elle proposera deux rendez-vous avec les Isséens fin novembre.

Point d’Appui : Maman, la nuit, Chambre 908…, comme l’indiquent les titres de vos livres, ceux-ci procèdent d’une exploration de l’intime. Est-ce pour vous un sujet de prédilection ? 

Sara Bourre : Je ne crois pas que ce soit un sujet, mais plutôt un point de départ. L’intime, c’est ce lieu où tout se condense : le corps, la mémoire, le langage. J’écris depuis ce nœud-là, où les histoires familiales, les deuils, les transmissions se rejouent à une autre échelle - une chambre, une voix, un silence. Je crois que l’écriture, entre autres choses, peut venir explorer ce mouvement-là. 

P. d’A. : Qu’ils soient fictionnels ou autobiographiques vos textes sont habités par une voix poétique singulière. Quel rôle assignez-vous à la poésie dans votre écriture ? 

S. B. : La poésie est une forme d’attention au réel. Elle naît là où la langue bute, où le sens se dérobe. Ce n’est pas une ornementation du texte, mais une manière d’en décaler la perception : d’ouvrir des brèches dans le récit. J’aime les zones où la narration se fissure, où la phrase devient respiration, rythme, écart. La poésie permet d’approcher l’indicible sans le résoudre, de rester au plus près de l’expérience tout en la déplaçant. 

P. d’A. : Dans votre travail comme dans celui de votre résidence, la dimension sonore est essentielle. Un projet de livre-audio est d’ailleurs prévu avec une classe du lycée Eugène Ionesco. Le « son » dans ce qu’il a de plus brut a-t-il quelque chose à nous dire de nos propres histoires ? 

S. B. : Avant les mots, il y a le souffle, la vibration, la voix de l’autre. J’aime penser que chaque texte garde la trace d’une écoute : celle du monde, du corps, du silence. Le son, dans sa nudité, dit quelque chose de notre mémoire primitive - il fait remonter ce qui ne s’est pas encore formulé. Dans le travail avec les élèves, il s’agit justement de retrouver cette part physique du langage : écrire avec la voix, entendre ce que l’écriture laisse passer d’involontaire, de vivant. 

  • Atelier d’écriture Mémoires transgénérationnelles : jeudi 20 novembre de 17h30 à 19h30 
  • Performance Corps, textes, images : mercredi 26 novembre de 19h30 à 21h 

Réservations : www.issy.com/reservation-espacechedid