Mis à jour le 12 février 2024

Exposition Jean Anguera : « L’art a quelque chose à voir avec l’intimité »

Issu d'une famille d'artistes, petit-fils du sculpteur Pablo Gargallo, fils de la sculptrice Pierrette Gargallo, Jean Anguera, membre de l’Académie des Beaux-Arts, a passé sa jeunesse à Issy, où il conserve son atelier. Il s’expose à la Médiathèque centre-ville et au Musée à travers ses sculptures et dessins.
La plaine traversée - Anguera - matériau composite - 102x37x69 cm

Point d’Appui : Quelle est votre histoire avec Issy-les-Moulineaux ? 

Jean Anguera : Je suis arrivé à Issy-les-Moulineaux quand j’avais 10 ans. Certains lieux me sont très chers, comme le Fort d’Issy, le quartier arménien ou l’Ile Saint-Germain. Chaque fois que j’allais au lycée, je passais devant la mairie pour prendre le métro. Quand il a été question de trouver un lieu de résidence, entre le Loiret où nous vivons au quotidien et l’Académie où je dois me rendre chaque semaine, le choix d’Issy s’est immédiatement imposé. 

P. d’A. : Quelle est la source de votre envie de sculpter ? 

J. A. : J’ai commencé très jeune à modeler, les choses sont venues très naturellement grâce à ma mère et mon grand-père qui étaient sculpteurs. Les sculptures étaient très nombreuses chez moi, ça me semblait naturel de faire la sculpture. C’était un langage qui m’était familier et j’avais besoin de continuer ce langage de la forme et de l’espace, du rapport entre quelque chose qui nous est intérieur et qui peut surgir et prendre place parmi nous. 

P. d’A. : Grandir avec les Gargallo (grand sculpteur espagnol, ndlr) : comment vous êtes-vous construit dans cet héritage ? 

J. A. : C’est une grande chance de grandir avec cet héritage. J’ai grandi avec une bibliothèque, des tableaux, des dessins, et aussi beaucoup de sculptures. Ça donnaitàl’espace de larichesse et une sorte de peuplement silencieux. Enfant, il m’était très agréable de circuler au milieu de ces sculptures. La maison n’était pas grande, mais cet encombrement de sculptures, de tableaux et de dessins, curieusement, libérait l’espace. 

P. d’A. : Laure, votre épouse, sculptrice elle-même, est toujours à vos côtés : comment intervient-elle dans votre travail de création ? 

J. A. : Laure, de son nom De Ribier, est extrêmement présente sur les aspects techniques, surtout lors de la réalisation des polyesters qui demandent énormément de soin et d’attention. Le phénomène qui amène la sculpture m’appartient, mais Laure intervient dès qu’on commence à entrer dans le travail de l’argile : nous en discutons et seulement si elle est entièrement d’accord, la sculpture existera. Laure est aussi présente comme modèle : quelqu’un qui est là, ne parle pas, ne bouge pas, dans un état contemplatif, de prière, de compréhension du monde. Ce qu’on offre à l’autre à travers l’art, c’est son intimité, une intimité humaine, mais aussi celle du lieu, du paysage. Si j’arrive à montrer dans mes sculptures cette présence et ce lieu, ce phénomène d’exister, je serai heureux. 

Du mercredi 22 novembre au dimanche 11 février, au Musée et à la médiathèque centre-ville