Mis à jour le 28 juin 2023

Entretien avec deux familles ukrainiennes réfugiées à Issy

Issy-les-Moulineaux a accueilli 22 familles ukrainiennes depuis le début de la guerre avec la Russie. Deux familles ont accepté de partager leur témoignage.

Les Kryshtalovych accueillis par deux familles isséennes 

Les Kryshtalovych habitaient dans la grande banlieue de la capitale ukrainienne. En mars, ils ont dû tout quitter pour trouver refuge à Issy-les-Moulineaux, hébergés chez des particuliers. Les parents, Oleksandr et Myroslava, ont six enfants : Sofiia, 18 ans, Andrii, 17 ans, Ivan, 15 ans, Mykhailo, 13 ans, Yaroslav, 8 ans et Markijan, 5 ans. Une famille très nombreuse, qui détonne en France comme en Ukraine.

Au début de l’invasion russe, les Kryshtalovych aménagent un abri dans leur cave pour les nombreux réfugiés fuyant les zones de front. Avec l’intensification des combats autour de Kiev, ils se décident à quitter leur pays. « Ensemble, nous avons l’essentiel… », déclarent-ils. En Ukraine, la population fuit, les routes sont bouchées. La famille met quatre jours pour rejoindre la frontière à Lviv. « Nous avons roulé sans savoir où nous nous arrêterons… », retracent-ils. Ils rejoignent ensuite la France par un vol gratuit mis en place pour les réfugiés.  

"Nous voudrions donner autant que l’on nous a donné "

Le hasard des belles rencontres fait qu’ils bénéficient d’un logement provisoire dans le 15e arrondissement de Paris jusqu’à fin juin. Ils partagent ensuite successivement le logement de deux familles isséennes qui leur ouvrent leurs portes rue Matrat, et chez qui ils logent encore aujourd’hui.  

Les enfants sont scolarisés à Paris. Le père de famille, Oleksandr, était chef opérateur cinéaste en Ukraine et effectue aujourd’hui des vacations pour certains médias. Quant à la mère, Myroslava, enseignante d’anglais et d’allemand, elle a envoyé avec un groupe d’amis des livres de français dans une école ukrainienne et près de 800 cadeaux pour les fêtes de fin d’année. 

Aujourd’hui, les Kryshtalovych souhaitent faire connaître leur culture aux Français d’Issy-les-Moulineaux qui les ont accueillis : « nous voudrions donner autant que l’on nous a donné ». Les ainés, Sophia (étudiante à la Sorbonne) et Andrii (qui étudie le trombone au Conservatoire Régional de Paris), envisagent de rester en France pour leurs études, puis de rentrer en Ukraine le moment venu pour reconstruire leur pays.  

La famille Yuskevych

Madame Luibov Yuskevych, grand-mère ukrainienne de 61 ans, est réfugiée à Issy depuis mars 2022. Elle est arrivée accompagnée de ses deux petits enfants : Andrii 13 ans, et Khrystyna 9 ans.

Lorsque la guerre s’est déclarée, Luibov a pris ses petits-enfants et leur chien Richard et ils ont fui l’Ukraine. Son fils, Igor Yusschvick, est parti au combat et sa belle-fille est restée à travailler sur place. « Nous sommes partis avec seulement nos papiers et un sac à dos chacun », témoigne Luibov Yuskevych.

Après un voyage éprouvant en passant par la Pologne, la famille est arrivée en France le 16 mars. Ils se sont directement rendus à Issy-les-Moulineaux, pour rejoindre la fille de Luibov (la tante des enfants) installée depuis 4 ans à Issy-les-Moulineaux avec son mari et ses deux enfants.

Leur première démarche a été de se rendre au point de collecte de dons à la Cité des sports avant d'aller à la préfecture pour les démarches d’enregistrement, pour lesquelles ils ont été épaulés par des bénévoles Isséens. Des bénévoles du centre de collecte ont notamment aidé Luibov Yuskevych à trouver des doses d'insuline pour son petit-fils Andrii, qui souffre de diabète. Ils ont ainsi pu faire traduire leurs documents administratifs, effectuer les vaccins nécessaires pour scolariser les enfants et mener les analyses pour déclarer le diabète d’Andrii.

Les enfants ont rapidement pu être scolarisés à Issy. « L’école, c’est un pas vers la stabilité pour les enfants », avance leur grand-mère. Aujourd'hui, Andrii et Khrystyna ont un souhait : que leurs parents les rejoignent en France. « Je rêve que mes parents viennent voir comme la France est belle », déclarent-ils.