Restaurant L’Île : l’étonnante reconversion de David Cozette
Point d’Appui : De commentateur star du basket, notamment sur Canal+, on vous retrouve aujourd'hui directeur du restaurant de l'Île à Issy. Etonnante reconversion. Racontez-nous.
David Cozette : Le métier de commentateur sportif impose que l'on suive les droits TV. J'étais à Canal+ depuis 13 ans quand en 2015 la chaîne les a perdus. J'ai fait le choix de les suivre, sur la Chaîne L'Equipe, puis sur RMC Sport. Mais les droits du basket se sont mis à changer de diffuseur en permanence. Trop instable. Et si un jour je tombais sur un directeur de chaîne qui me dit : “je ne t'aime pas”, “tu es trop vieux” ? Il me fallait un nouveau projet. Chaque année,avec mafemme et mes filles, nous descendions dans le sud de la France, dans un hôtel tenu par un ami ancien joueur de basket professionnel. Il nousa donné l'envie de tenter la même aventure. L'occasion s'est vite présentée avec un hôtel situé dans un cadre magnifique, au bord de la mer, à Hyères, l'Hôtel Bor. Avec ma femme, on s'est dit "banco", on a tout plaqué, sans rien y connaître.
P. d’A. : C'était totalement inconscient, non ?
D. C. : Avec le recul, je dirais oui, mais à l'époque c'était plein de bon sens. J’ai bouclé le dossier avec mon père, avocat d'affaires, et un comptable, pour le business plan. Comme nous n'étions pas professionnels, il a fallu attendre la 7e banque pour obtenir un prêt et j'ai passé un permis d'exploitation avec la Chambre de Commerce. On a signé en janvier 2020. J’ai constitué une équipe et le 11 mars, on ouvrait... Pour fermer cinq jours après, le 16 mars au soir, à cause du premier confinement Covid ! Quand mi-mai, les gens ont pu ressortir, nous n'étions pas prêts. C'était plein comme un 15 août, mais tous les jours ! La première année fut très douloureuse. Les trois suivantes furent géniales, ça a cartonné.
P. d’A. : Pourquoi avoir arrêté ?
D. C. : Le basket ne m’avait pas vraiment quitté. Tout en étant à l'hôtel, je pigeais pour commenter les matchs de Monaco, puis j'ai rejoint Skweek TV, une plateforme qui avait les droits de l’EuroLeague. Je ne pouvais plus conjuguer les deux. L'établissement ayant pris de la valeur, on a vendu. Un an plus tard, l'aventure s'arrêtait avec Skweek ! J'ai donc cherché un nouveau projet dans les médias et je ne me suis heurté qu'à des refus. J'ai partagé mon découragement sur LinkedIn. Une personne dans le groupe Bertrand, à qui appartient le restaurant de l'Île, l'a vu, m'a contacté sans me connaître et a fait le pari de me tendre la main et de m'offrir le poste de directeur. C’est un restaurant magnifique que je connaissais bien lors de mon époque Canal+, puisqu'on était de l'autre côté du Pont d'Issy. Ça avait du sens d'accepter.
P. d’A. : En quoi consiste votre rôle de directeur ?
D. C. : Je suis là pour manager les équipes et pour faire vivre le restaurant au quotidien, incarner l'endroit. Comme L'Île appartient à un grand groupe et qu'il faut une certaine cohérence entre leurs établissements, je n'ai pas la main sur le choix de la carte par exemple. Je compte sur mon réseau pour y monter des événements, des soirées originales, dîners de gala, imaginer de quoi attirer aussi bien les familles avec enfants que les repas d'affaires ou les dîners en amoureux. L'endroit en lui-même est tellement fantastique qu'il offre d’innombrables possibilités. Mais le basket, c’est vraiment terminé !