Marjolaine Pigeon : la lecture comme révélateur
Point d’Appui : Formée à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, vous vous êtes très tôt engagée dans un dialogue artistique avec les poètes. Comment cela a-t-il commencé ?
Marjolaine Pigeon : Mon père collectionnait les livres d’artistes où se rencontrent poèmes et créations d’artistes. Ce lien s’est renforcé lors du concours des Arts Décoratifs : j’ai dû notamment travailler Éloge à Crusoé de Saint-John Perse, un éblouissement… La poésie m’a toujours été familière. Puis il y a eu la rencontre avec des poètes contemporains, comme Salah Stétié, dont j’ai fait connaissance lors d’une exposition qui lui était consacrée à la médiathèque d’Issy-les-Moulineaux ! Lui qui avait déjà bâti un monde de poésie a fait confiance à la jeune peintre que j’étais, m’offrant un poème sur lequel travailler…
P. d’A. : « La peinture vient de l’endroit où les mots ne peuvent plus s’exprimer » écrit le Prix Nobel de littérature Gao Xingjiang. Avez vous le sentiment d’aller au-delà des textes qui vous inspirent ?
M. P. : La peinture ne va pas au-delà d’un poème, elle va peut-être dans un aussi-loin tout aussi mystérieux. Seule la forme diffère. Mais si l’on parle d’une réflexion analytique par les mots, alors peut-être la peinture va-t-elle au-delà puisqu’elle ouvre la brèche du mystère, de l’infini… Il y a aussi dans la peinture, le dessin, une immédiateté dans la découverte, quelque chose qui pourrait relever du choc, du bouleversement.
P.d'A. : Votre exposition s’intitule « Ouvrir les failles ». De quelles failles s’agit-il ?
M. P. : Des failles d’ombre dans la lumière. Des failles de lumière dans l’ombre. Ose rapprocher, explorer nos failles d’ombre, car c’est de ce mouvement que jaillira la lumière, comme l’a si bien écrit Charles Juliet, que nous lirons aussi. Mais il y a aussi la brèche de lumière… et celle ci aussi nous nous devons de l’ouvrir.
Exposition du mercredi 15 au samedi 25 janvier.
Rencontre « Des maîtres très inspirants » : jeudi 23 janvier à 19h30.