« Le Village des sourds » : l’importance de chérir les mots
Point d’Appui : Comment est née l’idée du « Village des sourds ? »
Léonore Confino : Quand j’étais jeune maman, avec les nuits courtes et la fatigue, j’ai vu mon vocabulaire se réduire au minimum. En revanche, je consommais pour « qu’on ne manque de rien ». Mais nous manquions de poésie ! J’ai eu envie d’écrire la métaphore de cela : sacrifier ses mots pour obtenir une vie fonctionnelle.
Pd’A : Si vous deviez résumer votre pièce ?
L .C : Dans un village polaire perdu, où la langue constitue le seul trésor, un marchand distribue des catalogues à tous. Les villageois découvrent des objets fascinants comme des fours micro-onde ou des aspirateurs à miettes, mais au lieu de payer avec de l’argent, le marchand leur propose de payer en mots. La seule qui conserve sa langue est Youma, jeune adolescente sourde. Avec son interprète Gurven, elle nous conte son histoire.
Pd’A : Catherine Schaub signe à nouveau la mise en scène d’une de vos pièces : comment travaillez-vous ensemble ?
L .C : On rêve ensemble ! Ici, on voulait que le public se sente convié à une veillée d’Okionuk, qu’il puisse ressentir la chaleur des mots dans le froid polaire… et Catherine, avec sa délicatesse, a enneigé le plateau pour nous offrir ce voyage.
Pd’A : Les comédiens portent à merveille le texte que vous avez écrit : avez-vous envie de nous parler d’eux ?
L .C : Ariana-Suelen Rivoire est une actrice sourde. Et Jérôme Kircher est un acteur entendant. Ils ne parlent pas la même langue et doivent se comprendre pour nous transmettre ce conte. On ne peut pas partir dans une aventure aussi exigeante sans deux interprètes prêts à plonger : ils ont travaillé avec acharnement et ont été d’une générosité hors-norme l’un avec l’autre et cela se sent.
Pd’A : Vos mots préférés ?
L .C : J’aime les mots qui révèlent leur sens par leur forme : rikiki, subrepticement, tumultueux… dans la bouche des comédiens, ils explosent.
Mardi 18 mars, 20h30. Auditorium. Réservations sur www.viparis.com