Mis à jour le 4 août 2023

Le roman d’une Isséenne adapté au cinéma

Isséenne depuis plus de 20 ans, vous pouvez la croiser au Monoprix, dans sa paroisse Saint-Bruno ou faisant quelques longueurs à la piscine du Fort d’Issy. Mais depuis le 21 juin, vous pouvez aussi découvrir l’adaptation de son premier roman, Des femmes en noir, sur grand écran. L’auteure, Anne-Isabelle Lacassagne, revient sur son parcours et sur cette aventure cinématographique inattendue.

Point d’Appui : En 2017, vous publiez votre premier roman Des femmes en noir : enquête fictive autour d’un prêtre qui à sa mort, se révèle être une femme. Auriez-vous imaginé qu’il fasse aujourd’hui l’objet d’une adaptation au cinéma ?

Anne-Isabelle Lacassagne : Absolument pas ! J’ai écrit cette histoire parce que ça me faisait rire et que c’était une problématique intéressante. J’ai commencé à l’écrire et puis j’ai continué, comme ça, chapitre après chapitre, en me disant que ça ne menait à rien. Je viens du monde de l’enfance, jamais je n’avais écrit pour

les adultes et ce roman m’a pris un an et demi. Je n’aurais jamais imaginé que mon livre devienne un film de cinéma, et surtout un film aussi beau et aussi abouti !



P. d’A : Avez-vous participé à l’adaptation cinématographique ?

A-I. L. : Ils m’ont communiqué les trois versions du scénario. J’ai essayé de les guider pour que ce soit le plus juste possible, pour que le scénariste écrive un beau scénario et que la réalisatrice fasse un film respectueux de l’Eglise. Mon livre est plein d’amour, et, en même temps, il dit les choses avec vérité. Ils m’ont beaucoup écouté. Je suis venue deux jours participer au tournage, surtout pour aider sur la partie religieuse, pendant les représentations de messes.



P. d’A : Trouvez-vous que l’adaptation reste fidèle à votre roman ?

A-I. L. : Je travaille pour le monde de l’enfance, donc je suis habituée à ce que les illustrateurs s’emparent de mes petites histoires pour enfants et y rajoutent leur monde. Mais je me demandais comment la réalisatrice allait en faire son œuvre. Je lui ai fait confiance et je n’ai pas été déçue. Il y a mon livre et il y a le film. Ce sont deux choses différentes et les deux sont belles.



P. d’A : Quelle a été votre réaction suite à la projection ?

A-I. L. : Avant d’avoir vu le film, j’étais terrifiée. J’avais lu le dernier scénario et je me demandais comment ils allaient s’en sortir sur un certain nombre de points. Après la projection, j’étais très émue. C’était extraordinaire. Mon histoire s’est déployée chez quelqu’un d’autre et c’est la meilleure des histoires. Je suis arrivée

tremblante et je suis sortie tremblante de joie ! J’étais avec mes quatre filles, c’était super. C’était un grand moment.



P. d’A : Comment êtes-vous devenue écrivain ?

A-I. L. : Toute ma vie, je me suis racontée des histoires. Je suis partie aux Etats-Unis et c’est lorsque je me suis retrouvée avec mes trois enfants que j’ai commencé à écrire pour apprendre l’anglais. Et j’y ai pris goût. J’ai envoyé des textes à des petits magazines comme Les Belles Histoires ou encore J’aime Lire. J’écris tout le temps. Ecrire, c’est toute ma vie.



P. d’A : Petite, étiez-vous une grande lectrice ? Quelles étaient vos lectures ?

A-I. L. : J’étais une grande lectrice, mais j’ai toujours eu une orthographe et une grammaire lamentables ! Depuis, je me suis bien améliorée quand même ! [rires] Petite, je lisais Les trois mousquetaires, Gaston Leroux... Dans ma famille, on consomme beaucoup de films et de livres autour de la guerre. A chaque Noël, on a une tradition : on regarde ensemble Le Seigneur des Anneaux. On lit Guerre et Paix, on a lu tout Harry Potter. Respect J.K Rowling !



P. d’A : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

A-I. L. : Je me suis rendue compte avec les années que ce qui m’inspirait le plus, c’était d’être en colère. C’est vraiment une super bonne énergie. J’ai travaillé dans un diocèse au service de la catéchèse pendant 7 ans. J’y ai appris plein de choses et peut-être que j’y ai vu une certaine vision de la femme qui m’a énervée. C’est de là qu’a surgi l’intrigue saugrenue de mon roman. Mes autres grandes sources d’inspiration sont la spiritualité, la maladie, la fragilité et puis surtout, tout ce qui

est drôle.



P. d’A : Votre style se distingue par un ton léger. Pourquoi choisir l’humour pour traiter de sujets aussi importants que la place des femmes dans l’Eglise ?

A-I. L. : On écrit avec ce que l’on est. Plus les choses sont difficiles, plus je fais de l’humour. C’est ma façon de m’exprimer et l’humour permet de faire passer beaucoup de choses. Se moquer de soi-même, c’est une manière de faire accepter les choses.

Drame-enquête de Virginie Sauveur, d’après le roman Des femmes en noir d’Anne-Isabelle Lacassagne, 1h37. En salles depuis le 21 juin 2023.