Archivé
[Archive] L’adjudant Bruno Laurin, nouveau chef du centre de secours des Sapeurs-Pompiers d’Issy
Félicitations pour votre prise de commandement. Quel est votre parcours ?
Bruno Laurin : J’ai 41 ans, sapeur-pompier de Paris depuis 17 ans et depuis trois ans à Issy-les-Moulineaux en tant que sous-chef de centre. Chez nous, le commandement d’un centre de secours se renouvelle tous les trois ans. L’adjudant-chef Benoît Kasbi ayant terminé son cycle, je prends sa suite pour trois ans. C’est à la fois un grand honneur et une grande responsabilité.
Vous prenez la tête d’une équipe réputée pour son haut niveau d’excellence. Expliquez-nous.
B.L : Les 39 militaires sapeurs-pompiers de Paris qui composent la caserne d’Issy interviennent quotidiennement dans la région Sud-Ouest du Grand Paris. Mais il est vrai aussi que nous figurons parmi les trois seuls centres de la BSPP à disposer d’une unité spécialisée baptisée le groupe d’exploration longue durée (GELD). Ce GELD est composé de 8 pompiers de très haut niveau, sélectionnés sur des capacités physiques poussées à l’extrême. Le GELD a pour spécificité d’intervenir sur des sinistres particulièrement dangereux et complexes qui se produisent dans des ouvrages souterrains tels que dans le cadre du Grand Paris Express, des tunnels de grande longueur, des parkings de grande profondeur, des galeries techniques, etc. Pour ces missions spéciales, environ 5 par mois, nous bénéficions d’innovations technologiques qui permettent de sécuriser nos hommes et de les aider à maîtriser ces sinistres importants. Ce peuvent être des robots spéciaux capables de soulager nos équipes en portant le matériel d’intervention souvent très lourd ou capables de remplacer l’humain quand le risque de sa vie est engagé. Notre robot REX, alimenté par un tuyau à incendie, doté d’une lance canon, chenilles, caméras thermiques, projecteurs de lumière puissants ou bélier pour déplacer des obstacles, est intervenu lors du sinistre de Notre-Dame. Mais nous avons aussi du matériel de pointe qu’utilisent les militaires plongeurs comme les Appareils Respiratoires Isolants à Circuit Fermé qui permettent d’évoluer jusqu’à 3 h dans des environnements irrespirables. Là où le matériel d’intervention classique du pompier permet 25 minutes d’autonomie. Pour garantir l’efficacité et la sécurité du pompier la BSPP reste à la pointe de l’innovation.
Quelle est la journée type d’un sapeur-pompier à Issy ?
B.L : Lever à 6h30 pour le petit déjeuner. A 7h, c’est la période des travaux d’intérêt général, c’est-à-dire le ménage dans des locaux. A 7h45 c’est l’heure du rassemblement dans la cour avec l’appel de chaque personnel et les consignes pour la journée. Ensuite, les hommes vérifient tout le matériel pour faire un état des lieux à 8h30. Puis jusqu’à 10h-10h30, ils partent pour une première séance de sport, avec une priorité pour le travail cardio, piscine, course à pied. Ensuite, on s’entraîne dans la tour au centre de la cour pour des simulations de feu et des situations d’intervention diverses, etc. Vers 12h-12h30, c’est le déjeuner puis un temps de repos jusqu’à 14h-14h30. Le début d’après-midi est consacré à la partie administrative qui est assez lourde puis, à 17h, ils repartent pour une séance de sport, au gymnase. A 19h, leur journée type est terminée. Et lors de cette journée, au moment où ça sonne, on arrête tout et on part en intervention.
Tout le monde vit à la caserne ?
B.L : Non. Il y a un roulement d’effectif. Sur les 39 pompiers, il doit toujours y en avoir 11 ici en permanence, prêts à intervenir 24h/24. Les cadres et sous-officiers sont logés ici. Les autres viennent de la France entière. Ils prennent le train, travaillent deux trois jours et repartent pour un total de 12 gardes de 24h en moyenne par mois.
Comment devenir sapeur-pompier ?
B.L : Il existe deux voies. Devenir militaire en s’engageant dans l’armée de Terre, plus précisément dans le Génie, comme j’ai choisi de le faire, afin d’être affecté à la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, ou en s’enrôlant dans la Marine pour rejoindre les rangs du Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille. La BSPP compte aujourd’hui environ 8600 hommes et femmes. Le BMPM en compte 2400. Au sein de ces 2 corps, l’emploi est particulièrement exigeant, la rigueur est de mise mais ils offrent une expérience sans commune mesure au niveau opérationnel et humain.
Sinon vous pouvez passer des diplômes d’Etat pour devenir sapeur-pompier professionnel. Il y a enfin les pompiers volontaires qui viennent suppléer les professionnels sur leur temps libre. Ces derniers représentent la grande majorité des pompiers de France.