Mis à jour le 28 juillet 2022

Festival Contes en balade: des récits captivants à travers la ville

À l’occasion de la 8e édition de ce festival itinérant, du jeudi 16 au dimanche 26 janvier sur la Ville, on a rencontré Ladji Diallo, conteur aux multiples facettes et invité d’honneur de l’événement.
Le spectacle Lilanimo du conteur Ladji Diallo. © SMAC Venelles

Depuis une dizaine d'années, nous avons le plaisir de vous recevoir en tant que conteur. Mais vous avez plusieurs cordes à votre arc, pouvez-vous nous parler de vos autres talents ?

Ladji Diallo  : Quel bonheur d’être lié à un festival tout comme nous sommes liés à une personne. On se découvre avec joie, on se surprend, le temps passe, on se revoit, on se soutient, on s'aime. On me connait comme conteur effectivement, mais le chant et le théâtre font aussi partie de ma vie. Avec ma guitare, je chante tantôt en français, tantôt en bambara dans un style mélangeant la musique traditionnelle africaine, le reggae, le slam, la folk… J’aime aussi l’art théâtral, incarner une parole, des personnages, des états émotionnels sur scène avec d’autres comédiens. Mais si vous venez voir mes spectacles de conte, vous percevrez tout cela à la fois.

Le conte est une forme bien particulière de spectacle, qu'est-ce qui vous a motivé dans cette voie ?

L. D. : Disons que j’ai voulu raconter des histoires lorsque j’ai découvert ma propre histoire. Je suis né à Paris. J’ai grandi en France élevé par des parents maliens qui ont eu à cœur que leurs enfants s’intègrent à la culture française et réussissent leurs vies sur cette terre d’accueil. Par conséquent, la culture africaine a été mise sous silence. Plus tard, jeune adulte, j’ai voulu combler ce vide intérieur en me lançant dans une quête d’identité. J’ai questionné, j’ai écouté, j’ai lu, j’ai pris des cours en langue bambara, j’ai voulu connaitre cette culture de mes parents. Je suis allé au Mali. Voyage initiatique extraordinaire. Mon histoire prenait sens. Après ce voyage choc, comment allais-je maintenant pouvoir partager ce trésor inouï  que la vie m’offrait par cette découverte de mes racines ? À cet instant, le hasard a mis sur ma route, Hassan Kouyaté, un conteur africain formidable qui m’a fait découvrir cet art magnifique de l’oralité. Un nouveau monde s’offrait moi. Moi aussi, je veux être conteur et c’est par cette voie là que je partagerai mes grands trésors de la vie.

 

Le conte est comme un festin pour moi : accueillir l’autre tel qu’il est et le régaler de belles saveurs.
Ladji Diallo Conteur

Vous savez captiver tous les publics, y compris les ados. Comment faites-vous pour vous ajuster aux publics ? Et comment trouvez-vous l'accueil du public isséen ?

L. D.  : Le conte est comme un festin pour moi  : accueillir l’autre tel qu’il est et le régaler de belles saveurs. Au préalable, il faut s’enquérir des préférences de nos invités car nous n’avons pas les mêmes goûts et nous ne savons pas digérer les mêmes choses selon nos âges. Pour le conte, c’est pareil. Pour servir mes histoires, j’utilise mes trois ingrédients préférés  : la musique, mon chant, mon corps. Mais surtout ce sont les sujets traités dans mes spectacles qui constituent la substance vitale pour que la magie puisse opérer. À cela, on ajoute la rigueur du travail ainsi que l’amour de l’autre. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais le plaisir que je prends à raconter des histoires aux personnes quel que soit leur âge est le même, même si la forme, la durée, les approches sont différentes. Tout le sens de mon métier m’est donné quand je vois dans le public l’émerveillement d’un enfant de 3 ans, la joie d’un autre de 7 ans, les rires d’une jeune de 12 ans, les yeux écarquillés d’un ado de 15 ans, les larmes d’un 20 ans, les applaudissements d’un trentenaire, les étoiles dans les yeux d’un adulte, les remerciements de personnes âgées… Quelle magie de ressentir en cours de spectacle toutes ces personnes ne faire qu’un. À Issy-les-Moulineaux, c’est exactement ce que je vis avec le public. J’aime aussi cette population hétéroclite que forment les Isséens, un vrai plus dans la rencontre, dans l’écoute, dans l’interaction avec le spectacle.

 

J’aime aussi cette population hétéroclite que forment les Isséens, un vrai plus dans la rencontre, dans l’interaction avec le spectacle.
Ladji Diallo Conteur

Vous êtes cette année, l'invité d'honneur du festival Contes en balade. On a hâte de découvrir votre dernière création «  Maliroots  » qui clôture votre trilogie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L. D.  : «  Maliroots  » raconte justement cette étape de ma vie où j’ai découvert mes racines. Je suis vraiment heureux d’avoir pu le raconter dans un spectacle. C’est ma propre trajectoire qui est mise en scène. On y découvre un jeune ado franco-malien des banlieues parisiennes, un peu paumé, qui s’interroge sur le pays de ses parents. Nous embarquons avec lui là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, au Mali. Nous voyageons à travers ses yeux pour découvrir le spectacle incroyable de la vie grouillante bamakoise, de la musique, de la danse. Nous partons avec lui jusqu’au village de sa mère près du fleuve Niger. La simplicité de la vie, la beauté de la parole vont émerveiller notre jeune homme. Nous assistons à sa rencontre avec le conte. Mais «  Maliroots  », c’est aussi le voyage dans l’autre sens, ceux qui quittent le Mali pour venir en France. Je suis fier de ce spectacle que j’ai hâte de vous faire découvrir.

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