Deux ouvrages, deux visons de la « Rue de la Dé »
"Je n’ai pas connaissance d’une rue dans ma ville d’Issy-les-Moulineaux qui ait su créer un attachement historique collectif et fédératif plus fort que la Rue de la Défense" introduit le Maire dans l’une d’entre elles. La rue de la Défense, ainsi nommée en hommage aux combattants de 1871, fut percée vers 1905 pour permettre l’accès au Fort d’Issy. Longue de 330 mètres, elle décrit un large S de haut en bas entre la rue de l’Égalité et le boulevard Rodin. Plusieurs communautés d’étrangers vinrent y habiter. Les premiers furent les Arméniens fuyant le génocide après 1915, arrivant surtout de Turquie mais aussi du Liban et de Syrie. D’autres habitants arrivèrent d’Italie, d’Espagne et du Portugal.
La convivialité qui y régnait lui donnait un esprit village où tout le monde se connaissait. En bas de la rue, la communauté arménienne a financé deux monuments "à la mémoire des martyrs arméniens de 1919". En haut de la rue, un « monument aux oiseaux » rappelle le séisme qui ravagea l’Arménie en 1988. Deux auteurs contemporains ont voulu rendre hommage à cette rue qui leur est chère.
Le premier ouvrage Rue d’la Dé est un roman de Claudio Azzoli-Leonardi paru cette année. Dans ce récit autobiographique, l’auteur décrit son enfance dans la communauté fraternelle qu’était alors la rue de la Défense : "La rue de la Défense à Issy-les-Moulineaux, malgré tous ses défauts, suffisait à résumer ce qu’on entend par « vie de quartier »".
Jean Baptiste Merlino, dessinateur aquarelliste isséen, à qui la Ville a déjà consacré plusieurs expositions, est l’auteur du deuxième ouvrage La Rue d’la Dé...illustré, plus ancien car paru en 2007. Né dans cette rue en 1938, l’illustrateur a été élevé par ses grands-parents paternels. Il a vécu toute sa jeunesse dans cette rue, entouré de chaleur et d’amitié, dans un environnement riche en mixité culturelle. Il lui est resté en mémoire quelques images qu’il a souhaité partager avec le lecteur à travers cet album. Cette bande dessinée s’adresse à toutes celles et ceux qui ont vécu une jeunesse heureuse malgré une époque difficile.