Découvrez Alexis Voisenet, chef étoilé : « Une belle histoire qui ne fait que débuter »
Point d’Appui : Après 7 mois d’ouverture seulement, le Guide Michelin vous a attribué une étoile. Est-ce un point d’étape ou un aboutissement ?
Alexis Voisenet : Quand on ouvre un restaurant, on recherche simplement la quête de l’excellence personnelle et commune à l’équipe, la qualité, la régularité. Le secret, c’est la patience. Notre travail et notre identité ont été reconnus par le Guide Michelin. C’est une fierté familiale, pour l’équipe et pour tous ceux qui ont œuvré pour cet établissement car cette distinction met en lumière tout un artisanat et un terroir français. Mais l’étoile n’est pas une fin en soi. Chercher à l’obtenir à tout prix peut même être dangereux car elle peut vous faire dévier de votre identité.
P. d’A. : Quelles sont vos ambitions ?
A. V. : On n’espérait pas cette étoile aussi vite. L’objectif était plutôt ciblé sur les trois premières années. Mais j’ai la chance d’avoir connu l’intégralité de mon staff avant l’ouverture ; on avait déjà tous travaillé ensemble en cuisine ces dernières années. J’étais donc déjà assez confiant sur le rendu que pouvaient avoir nos assiettes et le service à table. Cette étoile nous conforte dans l’état d’esprit que je veux instaurer dans cette maison.
P. d’A. : Pourquoi vous être installé dans le quartier du Fort d’Issy ?
A. V. : Je suis un enfant du 92, j’ai grandi à Malakoff et j’avais à cœur de représenter cette cuisine française aux portes de Paris. Je voulais aussi faire partie des gens qui créent un état d’esprit qui n’existait pas encore, dans une ville où j’avais envie d’être, liée à du sens, à une histoire. Et puis j’ai trouvé le lieu de mes rêves, lui aussi chargé d’histoire, ces anciennes casemates du Fort d’Issy avec son potager sur le toit d’où sont tirées les herbes aromatiques dont je me sers pour mes plats. Grâce au soutien de la Ville d’Issy-les-Moulineaux qui m’a accueilli les bras ouverts, qui m’a accompagné dans la création de cette entreprise, dans le conseil et dans la communication, et grâce à la bienveillance des Isséens, j’ai pu faire de l’ouverture de ce restaurant une belle histoire qui ne fait que débuter.
P. d’A. : S’installer en banlieue,c’est un challenge supplémentaire ?
A. V. : Non car j’ai toujours eu dans l’idée de créer un vrai lieu de destination, sans m’excentrer de la région parisienne, de mes liens familiaux et amicaux et là où je me sens bien. Le Fort d’Issy est un lieu de destination par excellence parce qu’on ne passe pas devant par hasard, il faut avoir envie de venir. Je me dis que quand mes convives viennent à Maison Avoise, ils sont déjà préparés à passer un moment de gastronomie d’excellence et de détente dans un cadre très convivial. C’est le cœur de mon identité. L’objectif est qu’ils n’intellectualisent pas leur assiette au premier regard. C’est pourquoi dans mes plats on cherche à redonner au produit son évidence, son authenticité, alors que derrière il y a effectivement un travail colossal.
P. d’A. : D’où vous est venue cette passion de la cuisine ?
A. V. : Je suis issu d’une famille où on n’allait pas forcément trop au restaurant. En revanche, j’ai eu la culture des marchés locaux assez tôt. J’y allais tous les dimanches avec mes parents ou grands-parents. J’ai aussi eu la culture des potagers car mon grand-père en entretenait un incroyable à la campagne. Et mes grands-mères cuisinent divinement bien. Je rends d’ailleurs hommage àl’une d’elles sur macarte,avec mes pommes de terre Jacqueline. Jacqueline m’atoujours bouleversé aveccette recette assez simple. C’est même un peu le déclic de mon envie d’exercer ce métier.
P. d’A. : Votre parcours vous a permis de côtoyer les grands noms de la cuisine française. Quels sont les conseils à donner aux jeunes qui voudraient suivre votre exemple ?
A. V. : Les plus importants : la patience et le temps de la formation. Après, chacun se construit son parcours selon ses objectifs, ses forces, de façon à être prêt le jour J, l’ouverture de mon restaurant en ce qui me concerne. C’est un peu comme le sportif qui se fixe des objectifs à atteindre. Quand j’ai voulu apprendre les sauces, je suis allé chez celui qui pour moi l’incarnait à ce moment, Yannick Alléno, au Pavillon Ledoyen. Ensuite, j’ai voulu apprendre les cuissons et j’ai estimé que c’était chez Jean-François Piège qu’il fallait aller à ce moment-là. Ensuite j’ai eu la chance d’avoir une sollicitation de Christophe Raoux à l’Oiseau Blanc, au Peninsula. Il m’a permis de créer une équipe, de construire une identité. Enfin, mon dernier objectif, avant d’ouvrir mon établissement, était de créer la carte pour un Top Chef français. Guy Savoy m’a donné beaucoup d’astuces, de ficelles du métier, mais il m’a surtout appris le côté aubergiste, l’importance de l’accueil, la passion du produit, connaître son terroir avant de vouloir le magnifier ou encore comment allier tradition et modernité. Je m’y suis totalement retrouvé.
P. d’A. : Ça semble facile comme ça...
A. V. : Je pars du principe que pour réussir il faut se donner les moyens de ses ambitions. Ça passe ou ça casse, mais si on ne tente pas, on n’a rien. J’ai tapé à la porte de ces chefs, je n’ai jamais fait de CV. Yannick Alléno, je suis allé le voir trois fois avant qu’il me prenne à l’essai ! Peu importe la voie que l’on choisit, elle est accessible si on se donne le temps et les moyens d’y arriver. Ensuite, il faut aller chercher chez chacun, dans chaque entreprise, des objectifs différents, remplir une sorte de carnet de compétences qui, à la fin, vous amène là où vous vouliez arriver. Si l’envie est là, si l’expérience est là alors il faut foncer !
P.d’A : Quelle est la signature, l’ADN, de Maison Avoise ?
A. V. : On y vient pour une expérience gastronomique désinhibée, simple et conviviale, mais aussi pour des produits d’exception, nobles, travaillés par une équipe d’artisans passionnés, dans un cadre chaleureux. La carte reflète cette identité : trois entrées, trois plats, trois desserts, centrés autour de la mer, de la terre et de la viande, dont un plat qui ne changera jamais, le ris de veau, que j’aime magnifier et que l’on n’a pas l’opportunité de déguster à la maison.
P. d’A. : Et quand vous rentrez chez vous, que mangez-vous ? Quel est votre plat préféré ?
A. V. : J’aime les choses assez simples, mais si je ne dois citer qu’un seul plat, ce serait les pommes Jacqueline. J’aime aussi beaucoup une bonne côte de bœuf, dans une cheminée ou au barbecue.
La Maison Avoise, restaurant gastronomique installé au Fort d’Issy depuis septembre 2024, ne finit pas de séduire public, médias et professionnels. Ainsi, après avoir fait partie du classement du Figaro comme l’une des tables les plus attendues de la rentrée 2024, le restaurant d’Alexis Voisenet vient de décrocher une récompense enviée de tous : une première étoile décernée par le célèbre et incontournable Guide Michelin.
Cette distinction marque une étape importante pour la scène culinaire isséenne, qui confirme son évolution vers une offre de plus en plus qualitative.
Après des études en hôtellerie-restauration et des expériences significatives auprès des chefs les plus renommés parmi lesquels Yannick Alléno, triplement étoilé ou Jean-François Piège, doublement étoilé, Alexis Voisenet a perfectionné son art et sa vision culinaire. Ce parcours l'a finalement amené à Guy Savoy, où il a joué un rôle clé dans la création de plats raffinés et innovants. Désireux de concrétiser son rêve, l’ancien bras droit du chef étoilé a aujourd’hui décidé d'ouvrir son propre restaurant pour offrir une expérience culinaire exceptionnelle à Issy-les-Moulineaux.
Et comme le décrit le Guide Michelin sur son site : « Le chef Alexis Voisenet a choisi de faire parler la poudre en installant son restaurant dans les casemates de l'ancien fort d'Issy-les-Moulineaux. Ce lieu historique offre un cadre unique, avec sa voûte en pierre qui surplombe un beau mobilier contemporain. Avec la saisonnalité comme colonne vertébrale, la cuisine du chef s'avère créative et tout en finesse, à l'image de ce "saint-pierre en éventail, du blanc au vert" stimulé par une sauce matelote au vin rouge bien équilibrée. L'équipe de salle assure un service parfaitement huilé, et le lieu abrite également une cave à manger (charcuteries et salaisons maison) ».
Le chef a immédiatement été chaleureusement félicité par André Santini pour avoir fait « de la Maison Avoise le premier restaurant étoilé de l'histoire de la Ville d'Issy-les-Moulineaux » et lui a exprimé « la grande fierté de notre Municipalité. »
Maison Avoise,
58 Promenade du Verger
Du mardi au samedi. Horaires : 12h-14h30 et 19h-22h.
Site : https://www.maisonavoise.com/