Mis à jour le 3 juillet 2025

Antonio le Magicien : « la magie, c’est ma vie ! »

La Ville d’Issy-les-Moulineaux entretient avec la magie une histoire d’amour indéfectible. À l’heure où le Musée de la Carte à Jouer propose jusqu’au 14 août son exposition « Magique ! », il était impossible de ne pas vous raconter la belle histoire d’un enfant d’Issy pour lequel le Musée fut le premier tremplin vers le succès. Il s’agit bien sûr d’Antonio le Magicien. Entretien.

Point d’Appui : Vous avez grandi à Issy. Quel souvenir vous gardez de votre jeunesse ? 

Antonio : Je suis très fier et très heureux d'être né ici. À l'école, ça se passait très bien avec les camarades. J'étais un cancre, j'ai dû redoubler 4 ou 5 fois je pense, mais c'était très sympa. 

P. d’A. : Devenir magicien, c’était un rêve d’enfant ? 

A. : Non, j'aimais bien faire un peu l'idiot, faire rigoler les copains. A la télé, quand j’en voyais faire des tours, je me disais, « tiens c'est sympa », mais je n'aurais jamais pensé en faire un métier. Puis vers 18-19 ans, j’ai commencé à prendre des cours, à l’ALDEAJ d’Issy-lesMoulineaux, avec un magicien surnommé « Bebel ». Ça c’est fait doucement. J’ai mis trois ans à m’améliorer. On me demandait pour des mariages, pour des anniversaires et je me suis alors dit qu’il y avait peut-être à faire. Mais je ne pensais pas devenir professionnel. Je ne savais même pas que l’on pouvait être magicien professionnel. J’étais fasciné par Bernard Bilis, qui est pour moi le plus grand magicien de cartes au monde, et je voulais faire comme lui. Quelques années plus tard, j’ai eu l’honneur de partager la scène avec lui au Musée de la Carte à Jouer à Issy. Les deux m’ont donné envie de faire ce métier. 

P. d’A. : Par quel type de magie avez-vous débuté ? 

A. : « Bebel » était un virtuose en manipulation de cartes, donc j’ai débuté par ça. Puis, après une quinzaine d’années, un certain Gary Kurtz estarrivé en France, il faisait du mentalisme. Ça m'a marqué et je m’y suis mis, mais sans jamais abandonner les cartes. 

P. d’A. : Vous souvenez-vous de votre premier spectacle, votre premier contrat ? 

A. : Mon premier contrat, c'était avec un ami magicien, Marc Barba. On faisait du close-up dans une soirée à Vincennes, au milieu d’une vingtaine de tables. Ce fut mon premier bulletin de paye avec marqué « Magicien » dessus. Avant c’était plutôt « Chauffeurlivreur ». Quelle fierté ! 

P. d’A. : Avez-vous pu vivre de la magie dès le début ? 

A. : J'ai eu beaucoup de chance parce que j'ai rencontré les bonnes personnes, les bonnes agences événementielles, dès le départ. Quand on fait une soirée qui se passe bien, on vous rappelle. Surtout qu’à l’époque, il n’y avait pas autant de magiciens qu’aujourd’hui. Je suis devenu professionnel en trois ans alors qu’on peut en mettre quinze à le devenir, voire ne jamais l’être. 

P. d’A. : Et puis, en 2016, vous participez à l’émission « la France a un Incroyable Talent » sur M6. Et vous gagnez ! Racontez-nous cette aventure. 

A. : M6 me sollicitait depuis 7-8 ans. Mais mon rêve c’était de participer à l’émission de Patrick Sébastien, «Le plusgrand cabaret du monde »,car c’était la référence pour nous magiciens. J’ai rencontré Patrick Sébastien sur un plateau télé. Emballé par ce que je faisais, il m’a demandé de contacter sa production. Et alors que je croyais réaliser ce rêve, j’ai été bloqué par une certaine Monique. Alors quand M6 m’a relancé pour «Incroyable talent», jeme suis dit que j’allaisaller chez des gens qui me voulaient et j’ai accepté de passer le casting. Un casting catastrophique ! Je loupais presque tous mes tours !Pour moi,c’était mort. Mais avant de repartir chez moi, je décide de faire un derniertour à une femme présente sur le casting. Je lui demande sa bague et je la fais voler. Elle me lance alors : « c’est ça que je veux ! ». C’était la directrice de production ! J’ai été pris.Et j’ai gagné à la surprise générale car aucun magicien ne l’avait fait en 11 ans ! C’est fou à quoi ça tient hein ? Si j'avais fait quelques passages au « Plus grand cabaret du monde », je n’aurais jamais fait M6 et je n’aurais sans doute pas eu la petite notoriété que j'ai aujourd'hui. Merci Monique ! (rires) 

P. d’A. : Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie ? 

A. : D’abord la reconnaissance du public, parfois dans la rue, à un petit niveau certes, mais c’est tout de même incroyable. Et bien sûr de nombreux nouveaux contrats, d’innombrables passages à la télé, etc. 

P. d’A. : Parlons magie. Est-ce un art toujours aussi populaire ? 

A : Oui, il l’est car la magie a beaucoup évolué et évolue encore beaucoup avec l’apport de la technologie. Mais le mentalisme reste ce qui marque le plus à mon avis, c’est assez scotchant car ça touche l’intimité des gens. C’est tout juste si on ne me demande pas de leur lire l’avenir (rires). Mais c’est juste de la magie. Je participe aussi à de nombreux congrès de magie pour me tenir au courant des nouveautés, trouver de nouveaux tours dont m’inspirer pour mes créations. Je suis admiratif de ces gens qui inventent ces tours incroyables. Ce sont eux les génies, pas nous. 

P. d’A. : Quelle place la magie occupe-t-elle dans votre vie ? 

A. : La magie, c'est ma vie ! Dès que je me lève. Je pense magie, je mange magie, je me couche magie. J'ai trois passions dans la vie : la magie, la magie et la magie. On n’en fait jamais le tour. Quand je disais à mon professeur Bebel que je voulais devenir le meilleur magicien du monde avec des cartes il me disait : « Tu n'as pas assez d'une vie pour tout apprendre ». Il avait raison. La magie c’est énormément de travail et c’est sans fin. Derrière un tour de 3 minutes il peut y avoir 10 ans de travail. 

P. d’A. : Quelle est votre actualité ? 

A. : Je participe depuis 8 ans à l’émission «vendredi tout est permis» d’Arthur sur TF1. J’y ai carte blanche, pas de contraintes de temps, c’est génial. Et j’ai des événementiels à droite à gauche. Quand les gens me disent « Quel est votre but ? », je réponds : vivre encore de ma passion jusqu'à mes 92 ans. Le plus longtemps possible. 

P d’A : On vous a aussi énormément vu au Musée de la Carte à Jouer d’Issy. C’est encore d’actualité ? 

A. : Avec le Musée de la Carte à Jouer, c'est une grande et belle histoire née d’une rencontre avec André Santini lors d’une soirée donnée pour la Police Nationale de la ville. Nous y avons sympathisé et il m’a proposé d’imaginer des tours de cartes pour le Musée de la Carte à Jouer qui allait ouvrir 6 mois plus tard. Je n’étais pas encore professionnel. C’était l’opportunité incroyable de me produire sur scène. Quand le Musée a ouvert, le Maire a tenu parole, m’a appelé et m’a obtenu un spectacle par mois, le dimanche après-midi, dans une petite salle de 50-60 personnes. C’est là que tout a débuté pour moi. Ça a tellement bien marché, que je suis passé à deux fois par mois, pendant 20 ans ! Le Musée m’a permis de faire mes gammes, de tester tous mes nouveaux tours, de m’adapter à tous les publics jusqu’aux enfants. Et quand j’ai gagné « Incroyable Talent », il y avait en ville des affiches« Antonio l’Isséen a gagné l'émission.». C'était incroyable. Merci Issy-les-Moulineaux ! 

P d’A : Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui rêve aujourd'hui de devenir un magicien ? 

A. : Ce n’est plus l’époque à laquelle j’ai débuté. Les réseaux sociaux ont changé la donne. Aujourd'hui, il y a beaucoup de magiciens très connus sur ces réseaux. Mais intervenir sur un événementiel ou à la télé ce n’est pas la même chose. Ces magiciens des réseaux, une fois sur un plateau télé ou en live dans un public, ce n’est souvent pas terrible. Parce qu'ils n’ont pas l’expérience, pas assez travaillé, parce qu’ils n’ont pas encore trouvé leur identité, leur style de jeu sur scène, tout ce qui fera la différence avec d’autres magiciens qui font la même chose qu’eux. Ces jeunes sont montés très haut, très vite, trop haut, trop vite. Donc si j’ai un conseil à donner : il faut prendre son temps, s'entraîner, travailler. Les magiciens d'aujourd'hui pensent qu'on peut maîtriser un tour en une semaine, là où ça peut prendre 2,3,4 ans, voire plus.