Mis à jour le 19 mai 2024

🎥 VIDEO Échanges scolaires : des voyages fondamentaux pour former la jeunesse

Socle du jumelage entre Issy et Weiden, les échanges scolaires ont permis depuis la fin des années 1950 à des centaines de jeunes Isséens de découvrir une autre culture, d’enrichir la pratique d’une nouvelle langue et de se forger en tant qu’homme, femme et citoyen. C’est ce que nous racontent deux anciens participants à ces voyages : Axelle, Isséenne depuis les années 1980 et Eric, né à Issy.

Point d’Appui : A quand remonte votre échange scolaire avec Weiden ? 

Axelle : J’ai effectué mon premier voyage en décembre 1987, pour la Saint-Nicolas. J’étais en 5e au collège Victor Hugo, j’avais 13 ans. De retour de Weiden, j’ai reçu mes correspondants au printemps 1988. 

Eric : A l’époque j’étais à l’annexe du collège Henri Matisse qui était située au Fort d’Issy. J’ai d’abord participé à un voyage avec des adultes, en 1982, quand j’étais en 4e , puis je suis retourné à Weiden, cette fois avec le collège, en 1983, quand j’étais en 3e. Les Allemands venaient de passer 15 jours chez nous, c’était à notre tour d’y aller. 

P. d’A. : Pourquoi avoir choisi l’allemand à l’école  ? 

Eric : Parce qu’à l’époque pour être dans de bonnes classes, il était préférable de faire anglais et allemand, et même y ajouter du latin, qui s’en rapproche. Mais l’allemand ne m’a finalement pas servi dans ma vie professionnelle. 

Axelle : Il est vrai que l’allemand était considéré comme une langue élitiste et que l’on avait plus de chances de se retrouver dans de bonnes classes. Et j’ai aussi fait latin. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mais j’ai découvert une langue très riche qui m’a permis de partir pendant deux mois en stage à Francfort, chez Hoechst  Marion Roussel, seconde entreprise pharmaceutique mondiale. 

P. d’A. : Quels sont les souvenirs marquants de votre voyage à Weiden ? 

Eric : J’en ai un, amusant. Cela faisait un peu plus de deux ans que je pratiquais la langue à la fin du voyage je me surprenais à rêver en allemand et non plus en français. Cela montre bien qu’après 15 jours, il y avait une vraie imprégnation. Ensuite, j’ai le souvenir d’un très bon accueil et de nombreuses visites : je me souviens d’une cristallerie, d’un spectacle de danses folkloriques, de la fête de la bière et de la visite d’un château. Et les petits-déjeuners  très copieux, avec de la charcuterie ! Cela ne me dérangeait pas du tout car quand on est à l’étranger, il faut s’adapter aux traditions du pays.

Axelle : La patinoire ! On y passait notre temps. Et c’est la première fois que j’ai bu du vin chaud (rires). On participait aussi à certains cours de français et d’allemand avec des lycéens car nos correspondants étaient un petit peu plus âgés que nous. Ce qui nous permettait de se moquer les uns des autres dans le maniement de nos langues respectives. Nous sommes aussi allés visiter le magnifique Opéra de Bayreuth et Nuremberg. 

P. d’A. : Ces échanges ont-ils eu un autre intérêt dans votre construction personnelle ? 

Eric : On peut dire que l’échange avec Weiden m’a indéniablement fait comprendre ce que c’est d’être européen. Ces échanges aident à mieux comprendre l’autre et à comprendre que l’autre, finalement, est aussi comme nous, avec les mêmes problèmes. Du coup, les liens se créent facilement, entre « gens normaux ». Ça permet aussi de mettre des noms et des visages sur un jumelage. Ce n’est plus juste Issy et Weiden, des noms posés comme ça sur une plaque, le jumelage devient concret. Et puis nous sommes allés jusqu’au rideau de fer. C’était un grillage, en pleine nature, mais ça m’a marqué et pris encore plus de valeur après, quand ce fameux rideau de fer est tombé. Je peux me dire « je l’ai vu » et je n’oublie pas. 

Axelle : Ce voyage a déjà permis de m’émanciper car c’est la première fois que je voyageais sans mes parents et à l’étranger en plus. Le fait d’avoir pu parler en allemand toute seule a permis de me donner de la confiance en moi. Je souhaite la même chose à ma fille qui est en section bilangue au collège Victor Hugo et qui se prépare à partir l’année prochaine à Weiden. Enfin, je pense que ces jumelages sont indispensables pour notre jeunesse. Pendant mon voyage nous avons visité un camp de concentration et je pense que c’est important car aujourd’hui les jeunes ne se rappellent plus. Et quand on voit les problèmes de racisme, d’antisémitisme, de nationalisme, qui remontent un peu partout en Europe et même chez nous, je pense que ces voyages sont fondamentaux pour ne pas oublier l’Histoire. C’est un devoir de mémoire.